9 avril 2010

Mon poisson d'avril, leurs réactions (Acte 3)

Acte 3 : Les 5°B

Nouvelle classe, nouvelle ambiance : des bavards peu travailleurs mais sympathiques. J'ai deux doutes avec eux : 1) que la mèche ait malgré tout été vendue par les autres et 2) qu'ils contestent un peu trop bruyamment ...

Dans la cour je n'échappe pas à la tentative maladroite du Lionceau timide, qui reprend vite fait son poisson d'avril. Cette fois-ci j'ai un argument de plus à mon moulin : si je suis arrivée un peu tard pour les chercher, c'est que j'étais à l'administration pour contester une décision récente ...

Sauf que le pessimisme est vraiment de mise dans cette classe. Lionceau bavard dégaine très rapidement "Ouais c'est pas vrai ça, c'est un poisson d'avril !", relayé un peu plus tard par la Poissonnière "Mme, vous êtes sûre de ne pas vous être fait avoir ?" (notez la confiance en mon jugement). Je finis par lancer le cours dans un contexte de division profonde entre les croyants et les sceptiques.

D'une manière générale, ce sont les élèves les plus scolaires qui jouent le jeu à fond : ils ont l'image d'un prof sérieux qui ne peut s'abaisser à ce genre de bêtises (et pourtant je fais pas mal d'humour en cours ...) Dans cette classe, les croyants vont se révéler plus bruyants que dans mon autre 5° : coups d'œil aux quatre coins de la classe, échanges plus ou moins discrets d'informations avec le voisin, doigts qui se lèvent à intervalle régulier pour indiquer une planque potentielle de micro ...

Au final une bonne partie de la classe s'est laissée prendre au jeu (au point que le Grand dadais viendra me confier en fin d'heure que j'ai rendu sa voisine parano), mais je commence à me lasser un peu ...

Mon poisson d'avril, leurs réactions (Acte 2)

Acte 2 : Les 4°C

Rien à voir avec la classe précédente : ils peuvent être très agités, facilement contestataires, ignobles entre eux ... Bref, que du bonheur. L'heure démarre bien, vu que je ne les vois pas arriver. Finalement un petit groupe se pointe et m'annonce leur supercherie : une partie de la classe s'est cachée et veut me faire croire qu'ils ne sont pas là, puis arriver en hurlant "poisson d'avril". Par chance une bonne partie s'est désolidarisée et ils arrivent assez vite.

A ce stade, j'ai failli abandonner l'idée du poisson, trop risqué. Mais comme j'aime les challenges, j'ai retenté. Même petit discours (encore plus dramatique), mais réactions très différentes. Déjà eux ne lèvent pas le doigt pour protester, mais crient leur indignation ... Heureusement qu'il n'y a pas cours dans la salle d'à côté ... Ils sont aussi beaucoup plus soucieux de leurs "droits" que les précédents et beaucoup plus sceptiques, surtout après que Chien fou n°1 ait envisagé l'hypothèse d'un poisson d'avril ...

Après avoir rappelé les violences scolaires récentes, notamment contre des profs, j'ai quand même été surprise de leur réaction : "Ne vous inquiétez pas madame, vous, vous ne risquez rien, surtout avec nous, on vous aime bien", dixit Le surfeur. Quand on ne s'y attend pas, ça fait plaisir. Twingo a même commencé un petit délire très personnel : "De toute façon, Mme Histoire-géo, elle fait du kung-fu ..." Je n'ai pas creusé plus loin cette allégation.

Je persiste et signe mon poisson d'avril et là ça a failli être le drame : certains se sont mis très sérieusement à chercher les micros. Heureusement ils ont vite été calmés par le Pompier : "Mais t'es con ou quoi ? C'est pas un micro, c'est un boulon !" Tout en poésie et en finesse donc. Autre alerte : Chien fou n°2 me demande innocemment : "Mais si on gueule tous ensemble, ils ne pourront rien entendre !" Réaction instantanée de ma part (mais où ai-je été chercher ça ??) : "Il existe des logiciels pour isoler et différencier les sons, voyons !" Ca a mis fin à la discussion et nous avons pu commencer le cours.

Et c'est lors de cette heure que mon envie de bloguer a vu le jour. Grâce à la réaction pour le moins inattendue de Ryan, qui résume d'ailleurs à elle seule tout le personnage. Nous faisions cours, dans un calme relatif depuis une bonne demi-heure, quand ce cher Ryan a eu une de ses interventions dont il a le secret : "Madame, je peux aller à l'infirmerie ? J'ai les oreilles qui bourdonnent, c'est à cause des micros, j'ai super mal" Quelques secondes très pénibles pour moi sont passées, pendant lesquelles j'ai retenu un immense fou-rire, avant de répliquer que les micros n'émettaient pas d'ondes.

La fin de l'heure arrive (enfin) et je leur dessine mon beau poisson. A les croire ils avaient tous deviné ... Vu le nombre de regards furtifs pendant toute l'heure, j'ai comme un doute. Certains ont quand même reconnu s'être fait prendre et avoir adoré, au point de m'en reparler après la récré.

Mon poisson d'avril, leurs réactions (Acte 1)

Acte 1 : Les 5°C

Les 5°C sont ceux avec qui le poisson a le plus de chance de fonctionner : ils sont gentils, très scolaires et pas très bien réveillés à 8h30. Seul petit hic : ils ont bien conscience de la date (comme me l'indique cette petite pression innocente dans mon dos lorsque je vais les chercher dans la cour) et risquent de se douter de la supercherie ...

Je tente quand même le tout pour le tout : air sérieux et préoccupé, rappel de l'actualité récente de violence scolaire puis annonce de la décision ministérielle: "l'établissement a été choisi pour tester une nouvelle méthode : quelques salles ont été équipées de micros (les caméras coûtaient trop cher), dont celle-ci. Seul le principal est au courant de la localisation des micros pour éviter toute dégradation. Tout ce qui est dit est enregistré, pourra être utilisé en réunion parents-profs, lors des conseils de discipline et sera conservé pendant un an."

Murmures indignés, élèves qui lèvent le doigt pour protester (oui, oui, ils respectent les règles pour contester) et demander des détails techniques. Et là, bien évidemment, le trouble-fête qui annonce "à tous les coups c'est un poisson d'avril !" C'était à prévoir ... Improvisation totale à partir de là : mine déconfite, l'expérimentation a été décidée la semaine dernière, les micros posés hier, je suis contre, c'est une atteinte aux libertés fondamentales et les syndicats de profs ont décidé de porter plainte, les associations de parents aussi ... Puis je coupe court à toute question supplémentaire et nous enchaînons sur le cours.

Comme c'est une classe de gentils, ils acceptent et agissent (presque) normalement, à un détail près : une bonne moitié de la classe a passé toute l'heure le nez en l'air à chercher les micros. Le plus dur a été de faire cours sans rire ... A la fin de l'heure je demande à l'une des élèves si elle en a repéré un et là j'ai 10 doigts qui m'indiquent le plafonnier ! Je dessine donc un poisson au tableau, ils sont ravis de s'être fait piéger. Dernière petite recommandation : pas un mot à la récré, je veux faire la même surprise à mes autres classes.

Mon poisson d'avril, leurs réactions (Prologue)

Ou une comédie en quatre actes sur un poisson d'avril mémorable,
qui aurait pu se transformer en tragédie à l'acte 2.

Ce poisson d'avril, j'y pense depuis un moment. Presque un an en fait, depuis que j'ai lu ceux de collègues. Une idée a retenu mon attention : faire croire à la classe qu'elle est filmée et que le principal peut les voir en direct.

Problème logistique : comment leur faire croire qu'il y a des caméras dans une salle minuscule, qu'ils connaissent par cœur et dans laquelle ils s'entassent à 27 ou 30 tous les jeudis matins ? J'ai bien eu l'intention de leur faire croire que la caméra se trouvait dans le rétroprojecteur, mais ça me semblait peu réaliste et ils ne sont pas idiots (pas pour ce genre de chose en tout cas). Et puis j'en ai besoin du rétro ...

Finalement, c'est la veille au soir que l'illumination vint, grâce à ce merveilleux outil qu'est MSN : oublier l'idée des caméras et la remplacer par des micros ! Ni une, ni deux, l'idée est adoptée à l'unanimité de moi-même. Reste un détail technique : je fais la blague à toutes mes classes, y compris à la 4°C avec qui ça peut dégénérer ? Comment faire avec les 4°D qui 1) sont en contrôle et 2) n'ont cours avec moi que l'après-midi (donc inutile de dire que le poisson risque de ne plus être très frais). La nuit portant conseil, je décide d'improviser.